poèmes
    

Aloysius Bertrand
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
I- Les Deux Juifs

Deux juifs, qui s'étaient arrêtés sous ma fenêtre, comptaient
mystérieusement au bout de leurs doigts les heures trop lentes de la
nuit.

- « Avez-vous de l'argent, Rabbi? demanda le plus jeune au plus
vieux. - Cette bourse, répondit l'autre, n'est point un grelot. »

Mais alors une troupe de gens se rua avec vacarme des bouges du
voisinage; et des cris éclatèrent sur mes vitraux comme les dragées
d'une sarbacane.
C'étaient des turlupins qui couraient joyeusement vers la place du
Marché, d'où le vent chassait des étincelles de paille et une odeur de
roussi.
- « Ohé ! Ohé ! Lanturelu ! - Ma révérence à Madame la lune ! - Par ici, la
cagoule du diable ! Deux juifs dehors pendant le couvre-feu ! - Assomme !
assomme ! aux juifs le jour, aux truands la nuit !

Et les cloches fêlées carillonnaient là-haut dans les tours de
Saint-Eustache le gothique: - « Dindon, dindon, dormez-donc, dindon ! »

Gaspard de la nuit

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