poèmes
    

Aloysius Bertrand
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
Le clair de lune

Réveillez-vous, gens qui dormez,
Et priez pour les trépassés.
Le cri du crieur de nuit.

Oh ! qu'il est doux, quand l'heure tremble au clocher, de regarder la
lune qui a le nez fait comme un carolus d'or !

Deux ladres se lamentaient sous ma fenêtre, un chien
hurlait dans le carrefour, et le grillon de mon foyer
vaticinait tout bas.

Mais bientôt mon oreille n'interrogea plus qu'un silence
profond. Les lépreux étaient rentrés dans leurs chenils,
aux coups de Jacquemart qui battait sa femme.

Le chien avait enfilé une venelle, devant les pertuisanes
du guet enrouillé par la pluie et morfondu par la bise.

Et le grillon s'était endormi, dès que la dernière bluette
avait éteint sa dernière lueur dans la cendre de la cheminée.

Et moi, il me semblait, - tant la fièvre est incohérente ! -
que la lune, grimant sa face, me tirait la langue comme

Gaspard de la nuit

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