poèmes
    

Aloysius Bertrand
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
À M. David, statuaire

Non, Dieu, éclair qui flamboie dans le triangle symbolique,
n'est point le chiffre tracé sur les lèvres de la sagesse
humaine !

Non, l'amour, sentiment naïf et chaste qui se voile de
pudeur et de fierté au sanctuaire du cœur, n'est point
cette tendresse cavalière qui répand les larmes de la
coquetterie par les yeux du masque de l'innocence !

Non, la gloire, noblesse dont les armoiries ne se vendirent
jamais, n'est pas la savonnette à vilain qui s'achète, au
prix du tarif, dans la boutique d'un journaliste !

Et j'ai prié, et j'ai aimé, et j'ai chanté, poète pauvre
et souffrant ! Et c'est en vain que mon cœur déborde
foi, d'amour et de génie !

C'est que je naquis aiglon avorté ! L'œuf de mes des-
tinées, que n'ont point couvé les chaudes ailes de la
prospérité, est aussi creux, aussi vide que la noix dorée
de l'Égyptien.

Ah ! l'homme, dis-le-moi, si tu le sais, l'homme, frêle
jouet, gambadant suspendu aux fils des passions ; ne
serait-il qu'un pantin qu'use la vie et que brise la mort ?

Gaspard de la nuit

envoyez vos commentaires pas encore de commentaire
version à imprimer dans une nouvelle fenêtre





   ·   contact   ·  livre d'or · les arbres · European trees · voyages  · 1500chansons · Fables de Jean de La Fontaine · Les passions (récits)
Cette page a mis 0 s. à s'exécuter - Conception© 2006 - www.lespassions.fr