poèmes
    

José Maria de Heredia
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
Michel-Ange
Certe, il était hanté d'un tragique tourment,

Alors qu'à la Sixtine et loin de Rome en fêtes,

Solitaire, il peignait Sibylles et Prophètes

Et, sur le sombre mur, le dernier Jugement.



Il écoutait en lui pleurer obstinément,

Titan que son désir enchaîne aux plus hauts faîtes,

La Patrie et l'Amour, la Gloire et leurs défaites ;

Il songeait que tout meurt et que le rêve ment.



Aussi ces lourds Géants, las de leur force exsangue,

Ces Esclaves qu'étreint une infrangible gangue,

Comme il les a tordus d'une étrange façon ;



Et dans les marbres froids où bout son âme altière,

Comme il a fait courir avec un grand frisson

La colère d'un Dieu vaincu par la Matière !



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