poèmes
    

José Maria de Heredia
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
Après Cannes
Un des consuls tué, l'autre fuit vers Linterne

Ou Venuse. L'Aufide a débordé, trop plein

De morts et d'armes. La foudre au Capitolin

Tombe, le bronze sue et le ciel rouge est terne.



En vain le Grand Pontife a fait un lectisterne

Et consulté deux fois l'oracle sibyllin ;

D'un long sanglot l'aïeul, la veuve, l'orphelin

Emplissent Rome en deuil que la terreur consterne.



Et chaque soir la foule allait aux aqueducs,

Plèbe, esclaves, enfants, femmes, vieillards caducs

Et tout ce que vomit Subure et l'ergastule ;



Tous anxieux de voir surgir, au dos vermeil

Des monts Sabins où luit l'oeil sanglant du soleil,

Le Chef borgne monté sur l'éléphant Gétule.



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