poèmes
    

Leconte de Lisle
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
Du cothurne chasseur j'ai resserré les nœuds ;

je pars, et vais revoir l'Araunos sabloneux
où la prompte Artémis, par leurs cornes dorées,
surprit aux pieds des monts les cinq biches sacrées.
J'ai, saisissant mon arc et mes traits éclatants,
noué sur mon genou ma robe aux plis flottants.
Crains de suivre mes pas. Tes paroles sont belles,
mais je sais que tu mens et qu'éros a des ailes !
Artémis me sourit. Docile à ses désirs,
je coulerai mes jours en de mâles plaisirs,
et n'enchaînerai point d'amours efféminées,
la force et la fierté de mes jeunes années.
D'autres vierges, sans doute, accueilleront tes vœux,
qui du mol hyacinthe ornent leurs blonds cheveux,
et qui, dansant aux sons des lyres ioniques,
aux autels d'Erycine ont voué leurs tuniques.
Moi, j'aime au fond des bois, loin des regards humains,
le carquois sur l'épaule et les flèches en mains,
de la chaste déesse intrépide compagne,
à franchir d'un pied sûr la plaine et la montagne.
Fière de mon courage, oubliant ma beauté,
je veux qu'un lin jaloux garde ma nudité,
et que ma flèche aigüe, au milieu des molosses,
perce les grands lions et les biches véloces.
ô jeune phocéen au beau corps indolent,
qui d'un frêle rameau charges ton bras tremblant,
et n'as aiguillonné, de cette arme timide,
que tes bœufs assoupis, épars dans l'herbe humide ;
oses-tu bien aimer la compagne des dieux,
qui, dédaignant éros et son temple odieux,
dans les vertes forêts de la haute Ortygie,
déjà d'un noble sang a vu sa main rougie ?

envoyez vos commentaires pas encore de commentaire
version à imprimer dans une nouvelle fenêtre





   ·   contact   ·  livre d'or · les arbres · European trees · voyages  · 1500chansons · Fables de Jean de La Fontaine · Les passions (récits)
Cette page a mis 0.04 s. à s'exécuter - Conception© 2006 - www.lespassions.fr