poèmes
    

Arthur Rimbaud
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
L'air léger et charmant de la Galilée

L'air léger et charmant de la Galilée : les habitants le reçurent avec une joie curieuse : ils l'avaient vu, secoué par la sainte colère, fouetter les changeurs et les marchands de gibier du temple. Miracle de la jeunesse pâle et furieuse, croyaient-Ils.
Il sentit sa main aux mains chargées de bagues et à la bouche d'un officier. L'officier était à genoux dans la poudre : et sa tête était assez plaisante, quoique à demi chauve.
Les voitures filaient dans les étroites rues [de la ville] ; un mouvement, assez fort pour ce bourg; tout semblait devoir être trop content ce soir-là.
Jésus retira sa main: il eut un mouvement d'orgueil enfantin et féminin: "Vous autres, si vous ne voyez [point] des miracles, vous ne croyez point."
Jésus n'avait point encor fait de miracles. Il avait, dans une noce, dans une salle à manger verte et rose, parlé un peu hautement à la Sainte Vierge. Et personne n'avait parlé du vin de Cana à Capharnaum, ni sur le marché, ni sur les quais. Les bourgeois peut-être.
Jésus dit: "Allez, votre fils se porte bien". L'officier s'en alla, comme on porte quelque pharmacie légère, et Jésus continua par les rues moins fréquentées. Des liserons [oranges], des bourraches montraient leur lueur magique entre les pavés. Enfin il vit au loin la prairie poussiéreuse, et les boutons d'or et les marguerites demandant grâce au jour.

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