poèmes
    

François Villon
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
CLXVII

Item, donne a maistre Lomer,
Comme extraict que je suis de fee,
Qu'il soit bien amé - mais d'amer
Fille en chief ou femme coeffee,
Ja n'en ayt la teste eschauffee ! -
Et qu'il ne ly couste une noix
Faire ung soir cent fois la faffee,
En despit d'Augier le Danois.

CLXVIII

Item, donne aux amans enfermes,
Sans le laiz Alain Chartier,
A leurs chevetz de pleurs et lermes
Trestout fin plain ung benoistier,
Et ung petit brain d'esglantier
En tous temps vert pour guepillon,
Pourveu qu'ilz diront ung psaultier
Pour l'ame du povre Villon.

CLXIX

Item, a maistre Jacques James,
Qui se tue d'amasser biens,
Donner fiancer tant de femmes
Qu'il vouldra, mais d'espouser, riens !
Pour quy amasse il ? Pour les sciens ;
Il ne plaint fors que ses morceaux ;
Ce qui fust aux truyes, je tiens
Qu'il doit de droit estre aux pourceaux.

CLXX

Item, le camus Seneschal,
Qui uneffoys paia mes debtes,
En recompence mareschal
Sera pour ferrer oyes, canectes.
En luy envoyant ces sornectes
Pour soy desennuyer; combien,
S'il veult, face en des alumectes :
De beau chanter s'ennuyt on bien.

CLXXI

Item, au Chevalier du guet
Je donne deux beaux petiz paiges,
Philbert et le gros Marcquet,
Lesquelz servy, dont sont plus saiges,
La plus partie de leurs aages,
Ont le prevost des mareschaulx.
Helas ! s'ilz sont cassez de gaiges,
Aller les fauldra tous deschaulx.

CLXXII

Item, a Chappelin je laisse
Ma chappelle a simple tonsure,
Chagree d'une seiche messe
Ou il ne fault pas grant lecture.
Resiné lui eusse ma cure,
Mais point ne veult de charge d'ames ;
De confesser, ce dit, n'a cure,
Synon chamberieres et dames.

CLXXIII

Pource que scet bien mon entente
Jehan de Calaiz, honnorable homme,
Qui ne me vist des ans a trente
Et ne scet comment on me nomme,
De tout ce testament, en somme,
S'aucun y a difficulté,
L'oster jusqu'au rez d'une pomme
Je lui en donne faculté.

CLXXIV

De le gloser et commenter,
De le diffinir et descripre,
Diminuer ou augmenter,
De le canceller et prescripre
De sa main, et ne sceut escripre,
Interpreter et donner sens
A son plaisir, meilleur ou pire,
A tout cecy je m'y consens.

CLXXV

Et s'aucun, dont n'ay congnoissance,
Estoit alé de mort a vie,
Je vueil et luy donne puissance,
Affin que l'ordre soit suyvie
Pour estre mieulx parassouvye,
Que ceste aulmosne ailleurs tranporte,
Car s'il l'applicquoit par envye,
A son ame je m'en rapporte.

CLXXVI

Item, j'ordonne a Saincte Avoye,
Et non ailleurs, ma sepuluture ;
Et affin qu'un chascun me voye,
Non pas en char, mais en painture,
Que l'en tire mon estature
D'encre, s'il ne coustoit trop cher ;
De tombel, riens, je n'en ay cure,
Car il greveroit le planchier.

CLXXVII

Item, vueil qu'autour de ma fosse
Ce qui s'enssuit, sans autre histoire,
Soit escript en lectre assez grosse
- Qui n'auroit point d'escriptouoire,
De charbon ou de pierre noire
Sans en riens entamer le plastre ;
Au moins sera de moi memoire,
Telle qu'elle est d'un bon follastre - :

             
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