poèmes
    

Émile Nelligan
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
Virgilienne

Octobre étend son soir de blanc repos
Comme une ombre de mère morte.
Les chevriers du son de leurs pipeaux
Semblent railler la brise forte.

Mais l'un s'est tu. L'instrument de ses lèvres
Soudain se dégage à mes pas,
Celui-là sait mon amour pour ses chèvres
Que j'aime à causer aux soirs bas.

Je le respecte... il est vieux, c'est assez ;
Puis, c'est mon trésor bucolique.
Ce centenaire a tout peuplé de ses
Conseils mon coeur mélancolique.

Nous veillons tels très parfois à nuit brune
Aux intermèdes prompts et doux
Du pipeau qui chevrote à clair de lune
Sa vieille sérénade aux houx !

           
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