poèmes
    

Émile Nelligan
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
Maints soirs

Maints soirs nous errons dans le val
Que vont drapant les heures grises.
Des pleurs perlent ses yeux d'alises
Quand elle ouït les Cydalises

De ce dieu que fut de Nerval.
Ah ! voudrait-elle en long vol d'or
Les rejoindre dans des domaines
Plus vastes que les cours romaines

Où par d'éternelles semaines
La coupe de Volupté dort ;
Ou bien donc ouvrir son printemps
Aux fureurs des fatals cyclones

Qui croulent comme des colonnes
Parmi les chastes Babylones
Du coeur des Belles de vingt ans ?
Oui chère, que ton coeur est beau !

Laisses-y choir des blancs jours lestes,
Fuis la ville, ignore ses pestes.
Tu ne seras près des Célestes
Que le plus loin de son tombeau.

  
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