poèmes
    

Émile Nelligan
sa vie, son oeuvre

Un poème au hasard


 
Qu'elle est triste...

Qu'elle est triste en Octobre avec sa voix pourprée
La Vesprée !
Ses funérailles las ! enamourent les choses
Trop moroses.
En chambre rose et blanche une vierge repose
Blanche et rose.
Et le hameau se tait. Les bergers qui reviennent
Se souviennent
Dans la marche des monts parmi le ranz des sources
De ses courses
D'autrefois avec eux. Archange bucolique
Ô relique
D'enfance à jamais douce ! Un d'entre eux là ne parle.
C'est Fritz. Car le
Vieux chevrier, le roi des chèvres vagabondes
Près des ondes,
L'aima. Qu'il la déplore ! Il était son égide
Bloc rigide
Contre lequel les Temps avaient usé leur lime.
La sublime
Vieillard pleurait sa mort comme une fleur de neige.
Un cortège
S'est formé. Deux bras lourds l'amènent en chapelle.
Une pelle
Dans le souterrain creuse exil de la vie
Qu'ont suivie
Tous mes pas douloureux. Elle gît là en terre,
Solitaire.
Je l'entends dans mon rêve. Elle pleure en les cloches
Aux approches
Du soir. J'ai gardé d'elle un souvenir de frère,
Lutte chère
Avec l'antre d'antan. Chez moi, douleur n'est fraîche
Elle est sèche
De ce feu qui l'embrase en ses rouges fournaises
Dans les braises.
Douleur où j'ai tant soif que je boirais les mondes
Et leurs ondes.
Douleur où je péris comme un lys sur console
Sans parole...
Qu'elle est triste en Octobre avec sa voix pourprée
La Vesprée !...

           
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